Le séducteur
Je suis un homme. Je couche avec des femmes par plaisir, par loisir, par passion, par compétition. Quand je sors dans les bars ou les boîtes, je repère de loin celles qui me plaisent le plus. Mon but pour ce soir ? Baiser. Je ne lâcherai rien tant que je n’aurais pas une meuf à ramener à la maison. Plus les heures passent, plus mon exigence baisse. J’aurais bien aimé rencontrer quelqu’un qui me plaisait réellement, que ce soit physiquement ou en termes de personnalité. Ce soir, je n’ai pas beaucoup de chance, je ne me sens pas très en forme niveau séduction. J’approche une dizaine de filles et essuie une dizaine de refus.
Puis, j’en approche une autre, une de plus, je ne renonce pas. Celle-ci semble plus réceptive que les autres. Je la séduis, je lui touche le bras et lui parle dans l’oreille. J’approche mon corps du sien, je vois que je lui plais. J’aime sentir l’effet de mon attraction sur les femmes. Je vois mes potes au loin, qui ont compris que ce soir j’allais choper. Ils miment des signes obscènes que j’espère que la fille en question ne verra pas, il ne faudrait pas qu’elle change d’avis, j’ai tellement galéré à trouver une meuf ce soir. Après un peu de conversation, je la ramène chez moi. On ne prend même pas un dernier verre, on baise. Cette meuf ne m’a même pas résisté. Elle me connaissait à peine et elle a couché avec moi dès le premier soir. Salope.
On ne prend même pas un dernier verre, on baise. Cette meuf ne m’a même pas résisté. Elle me connaissait à peine et elle a couché avec moi dès le premier soir. Salope.
Le lendemain, au réveil, je vois des dizaines de messages de mes potes, qui me demandent si j’ai réussi à la niquer et d’autres qui me disent tout simplement : « champiooooon !!!! » Je la réveille, lui fais comprendre qu’il est temps qu’elle s’en aille. Je retrouve mes potes de la veille dans un café en ville, ils·elles m’accueillent en me félicitant et en riant. Chacun·e débriefe sa soirée, quand vient mon tour, je suis surexcité à l’idée de leur raconter ma nuit. Je leur dis qu’on a baisé direct, je leur dis que cette salope m’a sucé, même si ce n’est pas vrai, mais je me suis dit que ça les impressionnerait si j’en rajoutais un peu. Je leur explique ensuite comme je lui ai demandé de se barrer de chez moi le lendemain, faudrait pas que cette conne s’attache. Je sens de l’admiration dans leurs yeux, avec une pointe d’envie. Chacun·e rentre ensuite chez lui·elle, je fais de même.
Ce soir, je sortirai à nouveau et je ferai en sorte de ramener une nouvelle fille facile à la maison. Mon égo s’en trouve boosté et ma valeur augmentée.
La salope
Je suis une femme. J’ai des relations sexuelles avec des hommes, quand j’en ai envie. J’aime la sensation que me procurent des ébats passionnels avec des inconnus. Je les rencontre généralement quand je sors dans les bars ou en boîte. Je n’ai pas forcément à faire le premier pas, beaucoup de mecs essaient de me draguer. Je ne sais pas si je suis objectivement vraiment jolie, mais je plais assez pour avoir le choix d’avec qui je vais rentrer. Ce soir, je sors avec des ami·e·s, on va boire des verres, puis danser. Des dizaines de gars m’approchent, me draguent (si on peut appeler ça draguer). Certains sont lourds, ne lâchent rien. D’autres, plus à l’écoute, me laissent tranquille quand je le leur demande. Je n’aime pas vraiment ces gars qui débarquent de nulle part, je sais très bien que leur envie est de me consommer, le plus rapidement possible, et de me jeter, le plus rapidement possible aussi.
Ma seule envie ce soir est aussi de baiser. Par envie, par plaisir. J’ai envie de baiser, mais dans le respect de l’autre, de ses envies et des miennes. C’est pourquoi, dès que je sens qu’un mec n’a pas particulièrement d’attirance pour moi, qu’il est juste à la recherche d’un trou à fourrer et que l’expérience sexuelle risque d’être bien plus centrée sur son plaisir que sur le mien, et de ce fait, décevante, je préfère ne pas donner suite. Je continue à regarder autour de moi, voir si quelqu’un me plaît. Non, toujours pas. On sort alors en boîte avec mes potes, et là au milieu de la foule, mon regard se pose sur un mec avec des traits fins et un catogan. Je m’approche, pas trop, mais assez pour voir si son corps me plaît tout autant que son visage. Il n’est pas très grand, ça tombe bien moi non plus. Je regarde ses mains et je les imagine déjà posées sur mon corps. Je le veux. Je m’approche encore un peu, je danse, je lui jette des regards discrets mais évocateurs. Il m’observe, me sourit, mais ne bouge pas. Je vais à lui, je m’approche pour lui parler dans l’oreille, je lui parle un peu, le courant a l’air de passer, puis, très vite, je lui fais comprendre qu’il me plaît et que j’aimerais qu’il rentre avec moi ce soir. Il m’embrasse en signe d’acceptation. Je pars avec lui, je passe dire à mes potes que je m’en vais, ils·elles jaugent le gars qui m’accompagnent et me lancent un regard à la limite de la désapprobation.
Je pars avec lui, je passe dire à mes potes que je m’en vais, ils·elles jaugent le gars qui m’accompagnent et me lancent un regard à la limite de la désapprobation.
Une amie me prend le bras et me demande dans l’oreille « t’es sûre de vouloir rentrer avec lui ? Tu le connais à peine » et j’entends un ami dire « ça y est, elle ramène encore quelqu’un… » Je n’aime pas particulièrement ce genre de réaction, mais j’ai l’habitude et j’ai appris à ne pas y porter trop d’attention. Je prends par la main celui qui s’apprête à devenir mon amant pour la nuit. On arrive chez moi, on se jette l’un sur l’autre à peine le pas de la porte franchi. Je lui dis que je veux prendre mon temps, que je veux qu’on prenne tous les deux du plaisir, que je ne veux pas d’une baise rapide qui me laissera un goût amer. On sait tous les deux pourquoi on est là, pour le sexe et uniquement ça, mais pas au détriment du respect que l’on a pour l’être humain qui se trouve en face de nous, ni au détriment du plaisir de l’un·e de nous. Une fois tous les deux satisfaits, on s’endort l’un à côté de l’autre. Le lendemain, au réveil, on s’adresse un sourire un peu gêné, mais heureux. Il s’en va, on se sert dans les bras l’un de l’autre. On ne se reverra jamais, on le sait. Je ne connais même pas son prénom. Je regarde mon téléphone et j’ai quelques messages qui me demandent si tout va bien, si je n’étais pas un peu trop bourrée hier soir, puisque j’avais ramené un mec chez moi.
Quelques heures plus tard, je rejoins mes ami·e·s de la veille pour un thé en ville. En arrivant, je sens qu’un froid s’est installé, sans trop en connaître la raison. Chacun·e débriefe sa soirée de la veille et quand vient mon tour, je ressens une pointe de gêne. J’ai à peine le temps de dire que j’ai passé une très bonne soirée avec le mec que j’avais rencontré, que mon meilleur pote me sermonne d’un « de toute façon toi après deux verres d’alcool, tu deviens un peu une pute. » J’ai l’impression qu’on m’enfonce quelque chose dans le cœur. « Nan mais ça fait des mois que tu fais n’importe quoi, tu couches avec tout le monde, tu fais que de la merde. » Quand il me dit ça, il a l’air réellement déçu et énervé contre moi. Les autres ne réagissent pas vraiment, personne ne me défend, ils·elles ont même l’air plutôt d’accord. Face à mon manque de réaction, une amie me dit « il a pas tort, tu couches avec plein de gars, parfois même plusieurs dans la même semaine ! Ça fait un peu salope quand même…
Ça fait un peu salope quand même…
Je proteste enfin, leur demande en quoi ce que je fais avec mon cul les regarde. On me coupe la parole pour me dire « en même temps, si tu veux pas être traitée de pute, t’as qu’à pas te comporter comme telle » C’est la fin de notre échange, je suis beaucoup trop touchée par leurs propos pour répondre quoi que ce soit. Ils·elles changent de sujet et c’est comme si rien ne s’était passé. Je reste discrète jusqu’à la fin de la discussion, quand tout le monde s’en va, je rentre chez moi. Ce soir, j’avais prévu de sortir, j’avais même bien envie de ramener quelqu’un à la maison, si je rencontrais un mec sympa. Mais j’ai finalement décidé d’annuler mes plans, de rester devant une série, et de pleurer en me disant que, peut-être, mes potes n’avaient pas tort : peut-être que je suis une pute. Ma confiance en moi est en miettes.
Deux histoires, deux points de vue
Ces deux histoires, je les ai créées à partir d’expériences personnelles. J’ai volontairement appuyé sur le fait que l’homme de cette histoire consommait les femmes, que celles avec qui il couchait faisaient parties d’une masse, elles ne sont personnalisées à aucun moment dans l’histoire. Dans le récit de la femme, il y a cette individualisation et ce respect qui sont présents. J’ai fait en sorte que les récits soient les mêmes, mais pas les personnages, pour souligner le contraste flagrant entre un homme qui a beaucoup de relations sexuelles avec des femmes et une femme qui a beaucoup de relations sexuelles avec un homme. Les personnages sont peut-être un peu stéréotypiques, mais ce n’est pas le résultat de croyances, c’est un choix créatif. Toutes les femmes ne sont pas respectueuses, tous les hommes ne sont pas irrespectueux. En revanche, ce qui se retrouve très souvent, pour ne pas dire la plupart du temps, ce sont ces doubles standards.
Toutes les femmes ne sont pas respectueuses, tous les hommes ne sont pas irrespectueux. En revanche, ce qui se retrouve très souvent, pour ne pas dire la plupart du temps, ce sont ces doubles standards.
Et c’est pourquoi j’ai choisi ce fossé entre mes deux personnages. D’un côté, l’homme, pur produit d’une société patriarcale, qui se représente les femmes comme des biens de consommation et les utilise, pour son plaisir personnel, pour prouver quelque chose, que ce soit aux autres ou à lui-même, qui ne fait preuve d’aucun respect pour cette « fille facile », cette « salope qui lui a cédé ». De l’autre, la femme, qui a choisi de se libérer des carcans sexistes en disposant de son corps de la manière dont elle le souhaite, décide de ses partenaires et de la fréquence à laquelle elle souhaite avoir des relations sexuelles, montre un profond respect de l’être humain qui se trouve en face d’elle et souhaite qu’on lui rende ce respect, en la considérant lors des rapports sexuels.
Ces deux personnages sont en contradiction et pourtant leurs actions sont similaires : les deux sortent, les deux rencontrent quelqu’un, les deux couchent avec cette personne, les deux sont confronté·e·s aux réactions de leur entourage. D’un côté, une personne irrespectueuse et sexiste, qu’on va glorifier. De l’autre, une personne qui agit dans le respect de ses désirs et de ceux des autres, qu’on va socialement punir. Pourquoi ce contraste ? Parce que l’un est un homme et l’autre une femme.
Le slut-shaming, kezako ?
Salope. Allumeuse. Manipulatrice. Séductrice. Croqueuse d’hommes. Traînée. Suceuse. Pute.
Tous ces mots fleuris sont autant de dénominations qu’on peut entendre lorsqu’on devient victime de slut-shaming.
Le slut-shaming, c’est le fait de juger des femmes et des filles qui sont perçues comme violant les attentes qu’on a d’elles en termes de sexualité, que ce soit en matière de comportement ou d'apparence.
S’habiller de manière « provocante », voire « vulgaire » (à comprendre : mettre un décolleté ou une jupe très courte, voire un décolleté ET une jupe très courte ), avoir des partenaires sexuel·le·s multiples (ou pas forcément multiples, mais sans être en couple/mariée), ou encore danser de manière dite suggestive, peuvent provoquer des réactions de slut-shaming.
A partir du moment où une femme s’assume physiquement ou sexuellement, on se permet de lui faire des remarques sur sa façon de se comporter ou de s’habiller, on la juge, on la critique, on répand des rumeurs et on la traite de pute. Triste punition pour avoir seulement osé être soi-même.
Il y a des exemples de slut-shaming partout, tout le temps. Par exemple, lorsque dans les écoles, il est inscrit dans le règlement que les shorts sont interdits pour les filles, pour ne pas distraire les garçons. Lorsqu’elles osent porter des t-shirts laissant apparaître leurs épaules, avec une bretelle de soutien-gorge qui dépasse à peine, on les réprimande et leur donne un long t-shirt informe ou on les renvoie chez elles pour qu’elles se changent. On enseigne dès le plus jeune âge aux filles que leur éducation est moins importante que celle des garçons, puisqu’on les oblige à rentrer chez elles se changer, et donc potentiellement rater quelques cours, pour que l’attention des garçons soient entièrement consacrée à leur réussite scolaire.
A 7 ans, j’avais déjà intégré l’idée que c’était à moi de couvrir mon corps de petite fille, pour éviter les regards masculins.
Personnellement, je me souviens qu’une fois à l’école, quand j’avais 7 ans (7 ans !), une prof m’avait appelée pour me dire que mon t-shirt était un peu court (il laissait apparaître un bout de ventre) et qu’il fallait que je ferme un peu plus ma veste. « Pourquoi ? » « oh tu sais, si des garçons voient ça… » et je crois que le plus triste dans tout ça, c’est que j’ai compris pourquoi elle me disait ça. A 7 ans, j’avais déjà intégré l’idée que c’était à moi de couvrir mon corps de petite fille, pour éviter les regards masculins.Il n’y a jamais eu plus d’explications que ça et elles n’ont pas vraiment de sens, ni de logique, car je n’ai jamais entendu aucun parent, ni aucun prof, faire une remarque aux garçons, sur le fait de ne pas fixer les filles ou de ne pas les regarder différemment selon leur tenue vestimentaire.
Le slut-shaming, c’est aussi toutes ces filles qui disent en parlant d’une autre « t’as vu la longueur de sa jupe ?! A ce stade-là c’est plus une jupe, mais une ceinture ». C’est aussi cet·te amoureux·se qui te dit « elle est un peu transparente ta robe non ? tu veux pas mettre autre chose ? ». C’est ta soi-disant pote qui va raconter à tout le monde qu’on doit pas te faire confiance, parce que t’as couché avec deux mecs différents à la même soirée, alors que tu les as seulement embrassés (et quand bien même, est-ce vraiment si grave ?). C’est ton père qui te regarde de la tête au pied et qui te fait une remarque désobligeante quand tu as mis une robe un peu trop courte à son goût. C’est ta mère qui ne veut pas que tu ramènes de garçons à la maison et qui te réprimande quand elle apprend que tu n’es plus vierge, parce que « tu as cédé à ce garçon, tu fais vraiment que ce qu’il veut », sans jamais se poser la question de savoir si tu n’avais peut-être pas eu envie, toi aussi, d’avoir des relations sexuelles.
C’est ton·ta pharmacien·ne qui refuse de te donner la pilule du lendemain, parce que « ça t’apprendra », ou qui te la donne après un discours moralisateur, parce que « bravo, peut-être qu’il aurait fallu penser à se protéger, inconsciente », alors que le rapport s’est fait à deux et que l’inconscience était donc en réalité partagée.
C’est les commentaires insultants sous ta photo Instagram sur laquelle t’es en maillot de bain. C’est ce refus d’aller acheter des préservatifs et d’en avoir sur toi, parce que « imagine si le gars en a pas et que j’en sors un de ma poche, ça fait vraiment la meuf qui a envie de baiser », mais en même temps, si vous en êtes déjà à ce stade, j’imagine qu’il est déjà au courant de ton envie. C’est tes potes de classe qui commencent à faire circuler des rumeurs sur toi, comme quoi t’es qu’une pute, parce que tu as couché avec deux gars différents de ton école.
C’est le mec très actif sexuellement qui te regarde mal quand tu lui dis que tu as couché avec un gars en soirée alors que ça ne t’arrive pas souvent. Ou celui abonné au porno qui te fait une moue de dégoût quand il apprend que tu te masturbes régulièrement.
C’est tes collègues de boulot qui te dévisagent et qui t’accusent d’être passée sous le bureau pour avoir ce dossier important, parce qu’ils·elles t’ont vue rire avec ton·ta boss. C’est ce mec que tu viens de rencontrer en boîte, qui tire sur ta robe, trop courte à son goût, pendant que vous dansez. C’est les messes-basses le lendemain du jour où t’as envoyé un nude à ton/un gars, parce qu’il en parlé, voire l’a fait tourner. C’est ton frère qui te dit qu’en même temps faut pas t’étonner d’être malade, si tu t’habillais pas comme une salope t’aurais pas attrapé froid». C’est ta meilleure amie qui te dit que c’est sale d’avoir couché avec ce mec dès le premier soir, « faut attendre au moins 3-4 dates, sinon ça fait pute ».
C’est stigmatiser les travailleuses·eurs du sexe, mais jamais leurs client·e·s.
C’est ne jamais traiter un mec de pute, alors qu’il baise 10 fois plus que toi. C’est ton pote qui te dit qu’il voit une meuf, « mais seulement pour la niquer, pas pour me poser parce que c’est pas une meuf bien » « ah comment ça ? » « bah elle a couché avec trop de gars ». C’est cette petite voix intérieure qui te décourage de mettre ce short que tu aimes tellement, parce que la dernière fois que tu l’as mis tu as entendu des gens dire « faudra pas qu’elle s’étonne si elle se fait agresser celle-là ». C’est juger la valeur d’une femme sur le nombre de rapports sexuels ou partenaires sexuel·le·s qu’elle a eu.
Le slut-shaming, c’est ne trouver rien d’autre à répondre à tout ça que « if you don’t wanna be slut-shamed, you shouldn’t be a slut ».
Le slut-shaming, pourquoi c’est pas ouf ?
Au-delà des inégalités auxquelles font face les femmes et les hommes vis-à-vis de leur sexualité, le slut-shaming entraîne énormément de conséquences négatives pour celles qui en sont victimes, mais aussi pour celles qui se restreignent de peur d’être jugées. Ces dernières vont entrer dans le jeu du slut-shaming, pour prouver à tou·te·s qu’elles sont de vraies femmes, des femmes à la moralité sans failles, afin de ne pas devenir victime à leur tour.
Les « salopes » sont stigmatisées, du fait de leur habillement jugé trop provocant ou de leur sexualité active. On va dire de ces femmes qu’elles « ne se respectent pas ». Pourquoi ? Parce qu’elles s’habillent comme elles le souhaitent et vivent selon leurs envies. Est-ce que ce ne serait pas plutôt le fait de se conformer à des normes pour éviter le jugement des autres qui serait de l’irrespect pour soi-même ? Ledit manque de respect ne serait-il pas plutôt le fait d’aller à l’encontre de ses envies et de ses valeurs, pour une soi-disant moralité qui nous est imposée ?
On va dire de ces femmes qu’elles « ne se respectent pas ». Pourquoi ? Parce qu’elles s’habillent comme elles le souhaitent et vivent selon leurs envies.
Les conséquences de cette stigmatisation ont pris d’autant plus d’ampleur ces dernières années, du fait de l’accès facilité à internet. Le slut-shaming se combine alors généralement au cyber harcèlement. Les photos, commentaires, vidéos, montages restent ainsi visibles pour toujours et par tout le monde.
Certaines jeunes filles sont alors discriminées à l’école, dans laquelle ces mécanismes de stigmatisation sont déjà bien ancrés. Il a d’ailleurs été démontré que la popularité des adolescentes baissait de 45% après la perte de leur virginité, tandis que celle des garçons avaient tendance à augmenter de 88%. Au contraire, quand les garçons flirtent sans avoir de relation sexuelle, leur popularité baisse, alors que celle des filles augmente. Il y a toujours ce clivage genré entre la pureté et la moralité dont doivent faire preuve les filles et les femmes et l’obligation d’initier des rapports sexuels sans chercher une relation romantique chez les garçons et hommes.
Il a d’ailleurs été démontré que la popularité des adolescentes baissait de 45% après la perte de leur virginité, tandis que celle des garçons avaient tendance à augmenter de 88%.
Cette baisse de popularité, qui passe notamment par le fait d’avoir moins d’ami·e·s, peut ainsi mener à de la dépression, des troubles alimentaires, voire au suicide. Des cas de suicide, ou tentatives de suicide, causés par le slut-shaming, sont régulièrement recensés. Des jeunes adolescentes, à qui on envoie des messages du genre « t’es qu’une salope » parce que des rumeurs infondées tournent, ou encore « tu l’as bien cherché » quand elles sont victimes d’agression. Des femmes, dont la sex-tape qu’elles avaient faite avec leur partenaire a été diffusée. Des filles et des femmes qui, après des semaines, des mois, voire des années, de moqueries, de critiques, de jugements, décident que la seule façon de sortir de cette spirale de malveillance est de se donner la mort.
Cette baisse de popularité, qui passe notamment par le fait d’avoir moins d’ami·e·s, peut ainsi mener à de la dépression, des troubles alimentaires, voire au suicide. Des cas de suicide, ou tentatives de suicide, causés par le slut-shaming, sont régulièrement recensés.
Lorsque des images érotiques, voire pornographiques, ou des sex-tape sortent, c’est une fois de plus la femme qui est humiliée. Elle est avec un homme, celui-ci est mis en scène de l’exacte même manière que la femme, mais c’est elle qui en souffre. On ne fait aucun reproche à l’homme, alors que c’est lui-même qui a décidé de montrer au monde entier une vidéo de LUI, qui a des rapports sexuels. C’est la femme qui hérite de toute la haine. Et c’est ainsi que la victime devient coupable. Coupable d’avoir vécu en fonction de ses envies, parce que cette idée que le sexe est dégradant pour les femmes est entretenue.
Le slut-shaming intervient également dans la culpabilisation de la femme en cas de viol. Puisque la femme est responsable de sa tenue et de son comportement, on aura de nouveau tendance à la culpabiliser, en lui demandant comment elle était habillée, si elle avait bu, si elle ne l’avait pas un peu cherché quand même.
A bit of sisterhood, please!
La société change petit à petit, les mentalités aussi, mais il reste encore un long chemin à parcourir avant d’arriver à une complète acceptation des choix personnels de la femme quant à son corps, sa sexualité et ses envies. Arrêtons donc d’enseigner aux femmes de ne pas choisir des vêtements qui ne craignent pas le regard masculin ou de se comporter selon une ligne de conduite dépassée et sexiste, mais enseignons plutôt aux hommes et aux femmes que le fait de faire honte et de harceler peut causer des dommages à long terme.
En ce 8 mars, journée internationale des droits des femmes (certainement l’une des journées où il y a le plus de manifestations de sexisme, merci les blagues beaufs 😘), ouvrons nos yeux et nos cœurs, faisons preuve de solidarité, soutenons-nous, acceptons-nous, défendons-nous et osons, enfin, être nous-mêmes. ️❤️